Kristian DESAILLY
Kristian Desailly est né en 1955. Tout jeune, il vit entouré d’artistes comme Tinguely et Vasarely. Cette marque de fabrique le conduit à forger son univers pictural marqué par les Cobra, entre autres, et à rechercher les échanges créatifs avec d’autres artistes, comme Jean Miotte après avoir obtenu le diplôme des Beaux-Arts en 1984 (avec, dans la foulée, deux premiers prix de dessin et de peinture).
Les expositions se succèdent en France, mais aussi à Hambourg, Cologne, Bonn, Luxembourg, Zagreb, Dubrovnik et New York, auxquelles s’ajoutent les foires internationales de l’art de Frankfort, Düsseldorf et Madrid.
En 2008 à Liévin, Kristian Desailly participe à l’exposition « Cinq abstraits » en compagnie de Debré, Féraud, Miotte et Soulages.
« Les travaux de Kristian Desailly reposent sur un langage graphique résolument pulsionnel. L’immédiateté avec laquelle il aborde toile ou papier évacue toute préméditation et témoigne d’une vigueur d’expression spontanée et intacte. Prépondérantes sont les toiles griffées d’un trait vif et impulsif.
Pourtant, la toile implique un défi toujours renouvelé, une équation à plusieurs inconnues. Elle exige un parcours entre subjectivité et objectivité. Sans l’expérience et le recul qui lui permettent de maîtriser le désordre des émotions, K. Desailly ne pourrait rien concrétiser. L’énergie du geste prodigue, accompli dans un entrelacs complexe de formes et de couleurs, se révèle précisément dans l’harmonisation de celles-ci.
K. Desailly se sert d’une coloration lumineuse et mouvementée, qui peut aussi bien s’intensifier jusqu’à une tension chromatique des plus subtiles. La concentration sereine d’une seule ligne épurée l’intéresse tout autant que la richesse dynamique d’une éruption débordante de coloris et le libre jeu des proportions et des contrastes : abondance et excès, et pourtant minutie et ascèse formelle.
Kristian Desailly doit énormément à la liberté graphique de l’expressionnisme abstrait. Il s’est réapproprié les possibilités illimitées de l’informel comme moyen d’expression et le ressent comme un système sophistiqué d’aspiration artistique à la liberté. L’artiste atteste par son œuvre que l’abstraction gestuelle est encore à même de rompre les limites imposées par les conventions et les restrictions.
K. Desailly relance la discussion sur l’art moderne discrédité par le postmodernisme. Pour lui, la nouveauté n’est en aucun cas synonyme de distance par rapport aux conceptions et aux styles artistiques d’hier, mais permet de souligner la distinction individuelle dans une mise en valeur consciente de l’histoire.
L’avant-gardisme est aujourd’hui de plus en plus considéré comme une catégorisation relevant de l’historiographie linéaire et du marché de l’art, qui a empêché le libre accès aux acquis de l’art moderne. Liberté ne signifie pas obligatoirement se séparer de quelque chose, mais peut aussi être un acte d’attention consciente qui éprouve la qualité des expériences réalisées. L’art moderne est toujours au banc d’essai, la peinture se révèle dans des créations toujours inédites ». Hans Dieter Sommer, Critique d’art.