Christoph HAASE
Christoph Haase est né à Paris en 1998 dans une famille allemande. Il pratique le dessin dès son plus jeune âge. En 2015, il rencontre le dessinateur Olivier Mariotti qui constituera une importante source d’inspiration. Il se forme par la suite à la peinture en autodidacte, et réalise des commandes de fresques murales et de décors de théâtre.
Il développe son univers esthétique grâce à la pratique soutenue d’un dessin rapide et instinctif. « J’ai commencé à dessiner de manière spontanée, à l’arrache, sans jamais retravailler mes dessins pour ne préserver que l’intuition et le trait brut ».
Diplômé de SciencesPo Paris et de l’Ecole du Louvre, ses études sont une importante source d’inspiration. Durant l’été 2018, il découvre le dessin de modèle vivant au sein de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et expose au Kultursalon de Francfort. Il réalise sa première résidence d’artiste à Cassis, en France en 2019.
Inspiré par ses connaissances en Histoire de l’Art, Christoph Haase mêle une iconographie riche et variée à un univers esthétique dans la veine du néo-expressionnisme. Passionné par les arts méso-américains et mélanésiens, il recrée un univers du rêve à travers une peinture fortement expressive et symbolique. Dans des toiles très mouvementées, il exprime une certaine nostalgie à travers de longues figures androgynes aux positions souvent élancées, figées dans le temps et l'espace.
Dans ses séries corporelles, il explore les possibilités de représentation de l’anatomie humaine en créant des ensembles abstraits à partir de la représentation de corps dans différentes positions. En superposant des ensembles figuratifs sur des fonds diffus, Christoph Haase recherche un équilibre entre figuration et abstraction.
Christoph Haase travaille essentiellement à Paris, où il développe sa recherche picturale grâce à l’étude du modèle vivant, et dans le sud de la France.
Démarche artistique
Christoph Haase a commencé à dessiner de manière spontanée, sans jamais retravailler ses dessins pour ne préserver que l’intuition et le trait brut. Les visages et les corps sont rapidement devenus les sujets qui l’ont le plus passionné. « Les traits de visages permettent d’exprimer un grand nombre de sentiments et d’expressions. J’aime neutraliser un certain nombre de détails de mes personnages, en les représentant androgynes, sans cheveux ou signe distinctif qui permettrait de les identifier. Cette anonymisation permet de les faire rentrer dans une sorte d’absolu, de leur faire porter une expression ou une action qui pourrait être universelle, facile à reconnaître. Le motif du dédoublement et de la multiplicité est inhérent à ma pratique du dessin. Multiplier un motif en le faisant varier légèrement permet de traduire une sensation de mouvement. Celui-ci peut avoir de nombreuses significations. Plus qu’une action purement physique, il me sert à représenter une évolution psychique et expressive. Une multiplication ou une imbrication de visages les uns dans les autres peut renvoyer à des idées d’identité, d’identification, mais aussi et surtout aux mouvements de la pensée et à l’évolution de la conscience. Représenter un visage ou un corps en mouvement me permet de questionner l’idée de temporalité et les possibilités d’évolution de la pensée dans le moment présent. »
Au-delà de cette fascination pour le visage et ses expressions, Christoph Haase s’intéresse aussi beaucoup au corps humain et à l’esthétique de ses courbes. Il pratique intensément le dessin de modèle vivant. Utilisant un référentiel universel et connu - l’anatomie - pour construire une abstraction, il essaie de capter un mouvement, une courbe ou un élément précis du corps, de l’isoler et l’incorporer dans une composition. L’usage de ces courbes humaines dans des compositions riches et colorées permet d’ancrer son travail dans le réel, tout en laissant libre champ à son imagination pour créer son univers esthétique personnel. « Je me passionne surtout pour les poses rapides et leur figuration par un seul trait continu. En atelier, je retravaille à partir de mes esquisses, et les intègre dans des compositions plus grandes et détachées du modèle. »
Fasciné par de nombreux arts extra-européens, par l’imaginaire huichol et mélanésien, Christoph Haase s’intéresse à la représentation du rêve et aux formes qu’elle prend. Plus que l’esthétique, c’est la symbolique de ces œuvres qui l’impressionne. En alliant une pluralité de symboles, ces cultures réussissent à traduire un cheminement onirique dans des ensembles riches et complexes. Dans de grandes compositions très vivantes, l’artiste essaie également d’imbriquer tout un ensemble de motifs à partir desquels on peut lire et interpréter l’œuvre. Les masques sont des motifs qu’il affectionne ; ils sont à la fois support d’espace pleins et d’espaces vides. L’artiste les pare de couleurs fortes qui semblent laisser passer la lumière, comme pourraient le faire des vitraux.
Jouer entre la figuration et l’abstraction est un défi perpétuel pour Christoph Haase. Dans ses séries inspirées de tragédies antiques, il modèle des fonds de couleurs abstraits auxquels il superpose un dessin. Cette superposition rend couleur et dessin indépendants et complémentaires, puisque sans se suivre, ils pourront se répondre et renforcer l’expressivité du rendu final. « Les personnages que j’inclus dans ces compositions se caractérisent souvent par l’absence de corps : seul le mouvement est représenté. Cela permet de ne pas imposer mon dessin à l’imagination du regardeur. Les positions élancées, combatives et survoltées sont tant de postures qui suggèrent la violence, la grâce, la tragédie et tout le vocabulaire lyrique des œuvres qui m’inspirent. »